mercredi 27 mars 2024

Célébration de la Journée Mondiale de l'eau le 22 Mars 2024 avec l'ONG Les Potagers Ecoliers Bio du Monde

 


Dans le cadre de la célébration de la Journée Mondiale de l'eau le 22 Mars 2024, ayant pour thème : " L'eau pour la paix ", l'ONG LES POTAGERS BIO ECOLIERS DU MONDE, en collaboration avec l'organisme EAU-ONU, a organisé des activités éducatives et d'éveil pour les enfants.

Cette célébration, marquée par la présence de Monsieur le Sous-Préfet de Mpaga, Monsieur BOUNANGA BOUAMY Nancy, représentant Madame le Préfet et Monsieur le Gouverneur de la Province de l'Ogooué-Maritime, empêchés. Cette Journée Mondiale était axée autour de plusieurs activités sur l'eau avec la participation de la SEEG et de l'ONG HO GABON. 

C'est à 10h que la salle de la Direction Provinciale des Affaires Sociales de l'Ogooué-Maritime a accueilli Monsieur le Sous-Préfet de Mpaga. Après les honneurs dûs à son rang, ce dernier a ouvert officiellement la célébration de la Journée Mondiale de l'eau 2024 par la lecture circonstancielle du message de Monsieur le Secrétaire Général de l'ONU sur la thématique de l'année : " L'eau pour la paix ".

Message qui invitait les peuples à s'engager et à travailler ensemble, pour faire de l'eau une force de coopération, d'harmonie et de stabilité, et de contribuer ainsi à construire un monde de paix et de prospérité. 

Après ce propos introductif, la parole a été donnée à Madame ADANHODOU ISSENDA Regina, Estelle, Trésorière de l'ONG " Les Potagers Bio Écoliers du monde " qui était en charge de présenter à l'assistance les missions et objectifs de l'ONG ainsi que ces activités menées avec les enfants, depuis 2 ans. Le programme était le suivant :

 

1/ Une Conférence-Débat sur le thème : " L'eau pour la paix ", animée par les intervenants suivants : Monsieur MIHINDOU Joseph, Coordonnateur Exploitation-Eau à la Société d'Energie et d'Eau du Gabon (SEEG) et de Monsieur AUGUSTE Henri, Michel, Président de l'ONG H0 GABON,

2/ La prestation du slameur Monsieur ENGOANG. Christian (Icone),

3/ Les messages de sensibilisation des enfants par l'ONG Les Potagers Bio Écoliers du Monde : l'IMPORTANCE et la PRÉSERVATION de l'eau,

4/ Un message adressé à l'attention du Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, Président de la Transition, Chef de l'Etat, lu par un des enfants de l'ONG " LES POTAGERS BIO ECOLIERS DU MONDE ",

5/ La remise d'attestations de participation de l'organisme Eau-Onu de la Journée Mondiale de l'eau, par Monsieur le Sous-Préfet, du Représentant de la SEEG et Président de l'ONG H2O GABON, suivie de photos de famille et d'un buffet,

6/ Remise symbolique d'un don de packs d'eau à la Direction Provinciale des Affaires Sociales, en soutien aux familles en difficulté, par les enfants de l'ONG " Les Potagers Bio Écoliers du Monde ".

 

Ensuite la Conférence-Débat a été ouverte par le premier intervenant Monsieur MIHINDOU Joseph, Coordonnateur Exploitation-Eau à la Société d'Energie et d'Eau du Gabon (SEEG) qui a avec brio expliqué à l'assistance les mécanismes de transport d'eau de la station de pompage de Mandorové vers les robinets de nos ménages. 

Il a également expliqué que face aux besoins qui ne cessent de croitre, la SEEG multiplie les actions et les investissements pour pouvoir desservir la population. Mais l'augmentation exponentielle de la population et son installation anarchique dans la ville, amenuise les efforts engagés préalablement.

Outre ces contraintes, la société doit également conjuguer avec les branchements illicites des populations, mais tant bien que mal elle s'efforce de palier régulièrement aux difficultés rencontrées au quotidien par les populations au cas par cas.

Le 2ème intervenant était Monsieur Henri, Michel AUGUSTE, Président de l'ONG H0 GABON qui s'est chargé d'entretenir l'assistance sur le thème retenu : " L'eau pour la paix ".

Monsieur AUGUSTE a quant à lui expliqué à l'assistance que l'accès à l'eau est un droit humain et fait partie des objectifs durables à l'horizon 2030. Il faut que nous soyons conscients de l'importance de l'eau en tant qu'élément de la Vie et d'un bien commun pour la survie des êtres vivants sur Terre. Que les pénuries d'eau créent des frustrations et des conflits entre des Etats, des situations de stress dans les populations, les animaux et les plantes, des risques sanitaires liés à la consommation d'une eau qui n'a pas été potabilisée. Pour ce faire nous devons la préserver précieusement.

Démonstration de ce que représente l'eau sur Terre et les pourcentages des différentes eaux.


A la suite de Monsieur AUGUSTE, un jeune artiste slameur appelé ENGOUANG Christian est intervenu devant l’auditoire. Il a slamé avec ses rimes, puis a invité l'assistance à se prêter au jeu en composant séance tenante un slam avec des mots choisis au hasard en rapport avec le thème de l'eau, un moment fort de joie, de partage entre l'artiste et le public.


Pour garder le même effet festif, le tour est revenu à 2 groupes d'enfants de passer sur scène et de nous présenter des conseils pratiques pour :

1/ Eviter le gaspillage de l'eau dans nos maisons,

2/ Les méthodes utilisées pour s'hydrater en cette période de forte canicule.

 

Après le passage des 2 groupes, le tour est venu à une enfant de l'ONG de lire le discours de circonstance au nom de la jeunesse du Gabon, adressé au Président de la Transition, Chef de l'Etat son excellence Brice Clotaire Oligui Nguema face aux problèmes récurrents de pénurie d'eau. Un discours qui a été acclamé par toute l'assistance.

Nous acheminant vers la fin de la cérémonie, Messieurs le Sous-Préfet, le Représentant de la SEEG et le Président de l'ONG HO GABON se sont prêtés à la séance de remise des attestations de participation (délivrées par l'Eau-ONU qui était le partenaire de cette journée) à tous ceux qui ont participé et assisté à ces activités.


Un don de plusieurs packs d'eau a été remis par les enfants de l'ONG pour les familles démunies en cette période de canicule, à la Direction Provinciale des affaires sociales, pour distribution. 

En conclusion, le Président de l'ONG les Potagers Bio Écoliers du Monde a remercié Monsieur le Sous-Préfet de Mpaga d'avoir rehaussé la célébration de cette journée mondiale de l'eau par sa présence et sa disponibilité. 

Il a renouvelé son engagement et celui de l'ONG Les Potagers Bio Écoliers du Monde à être un partenaire fiable, une force de proposition pour apporter son expérience pour sortir de crise face aux problèmes liés à la Préservation et la Protection de l'Environnement rencontrés par la jeunesse en particulier et par les populations en général. Il a tenu à remercier la Société SOBRAGA qui a répondu favorablement à sa demande de soutien matériel, ainsi que les invités qui ont effectué le déplacement pour célébrer avec les enfants cette journée mondiale de l'eau.


Cette célébration a été également l'occasion de rappeler à tous l'importance de l'eau, de sensibiliser nos gouvernants et les entreprises en charge de la question de l'eau dans notre pays de jouer pleinement leur rôle en mettant à la disposition des populations en ces temps de forte canicule de l'eau qui est source de vie.


À la population, il leur est également demandé de prendre des mesures adéquates afin de réduire le gaspillage d'eau en adoptant des pratiques économiques de préservation de l'eau dans nos maisons.

Chacun peut faire sa part pour préserver cette ressource et contribuer à un avenir durable.

D’après les participants, la célébration a connu un plein succès.

 

H. M. AUGUSTE,

Président, Conseiller Scientifique et Technique, membre de la Commission Scientifique et Technique de l'ONG HO GABON,
B. P. 1991,
Port-Gentil GABON,
TÉL : + 241 74 09 21 51 (Whatsapp),
Courriel : h2ogabon@yahoo.fr,
Blog : h2ogabon.blogspot.com,
Facebook : HO GABON


Remise à un enfant de son attestation de participation par le Président de l'ONG HGABON.


Remise à un enfant de son attestation par Monsieur le Représentant de la SEEG.


Remise de l'attestation à une participante par Monsieur le Sous-Préfet.



Photo de groupe avec les enfants

Photo de groupe des participants



samedi 23 mars 2024

Accident mortel sur une plateforme offshore de l’opérateur low cost Perenco





L’opérateur low cost Perenco, connu pour ses pratiques de production sur le fil du rasoir, vient de subir un nouvel incident de production majeur le 20 mars sur la plateforme Becuna, entraînant 5 morts, deux blessés graves et une personne disparue.

C’est l’accident pétrolier le plus grave du Gabon depuis les années 1980 et probablement depuis le début de la production pétrolière au Gabon dans les années 1950.

Nous demandons une enquête indépendante sur cet accident majeur.

Face à l’hostilité qui monte à Port Gentil contre cette société et les responsables politiques et médias qui sont intervenus avec nonchalance, nous demandons l’érection d’une stèle à Port Gentil en hommage aux disparus, avec la reconnaissance de la Nation.

Nous nous inclinons devant les familles des disparus et blessés.


 

Vidéos :

Feu sur la plateforme Becuna





Pollution marine récente



 

 

Pour aller plus loin – à lire sur notre blog

https://h2ogabon.blogspot.com/2021/01/perenco-au-gabon-une-longue-histoire-de_23.html
https://h2ogabon.blogspot.com/2021/04/le-systeme-perenco-le-profit-tout-prix.html
https://h2ogabon.blogspot.com/2022/04/alerte-nouvelle-pollution-de-perenco-au.html


lundi 11 mars 2024

Le Guatemala dit enfin adieu au pétrolier franco-britannique Perenco (Reporterre, le média de l'écologie)

 

Le Guatemala dit enfin adieu au pétrolier franco-britannique Perenco

Reporterre – le média de l’écologie
Par Mikaël Faujour

6 mars 2024 à 09h25
https://reporterre.net/Le-Guatemala-dit-enfin-adieu-au-petrolier-Perenco



Perenco au Guatemala, c’est fini. La compagnie franco-britannique va cesser d’exploiter le pétrole et de détruire l’environnement du pays : le nouveau gouvernement de centre-gauche ne va pas renouveler son contrat.

C’est une des premières décisions fortes du nouveau gouvernement du Guatemala, dirigé depuis mi-janvier par Bernardo Arevalo (centre-gauche). Trois semaines après le début de son mandat, le ministre de l’Énergie et des Mines a annoncé que le contrat d’exploitation pétrolière de Perenco ne sera pas renouvelé. La décision tranche avec l’histoire, cousue d’irrégularités, qu’a exposé une enquête de Reporterre, de la compagnie franco-britannique au Guatemala. Celle-ci avait sans cesse été soutenue par les autorités.

Ce pays de 14 millions d’habitants peut dire adieu aux forages et torchères de cette major, et à leurs corollaires : la destruction, depuis un quart de siècle, de la deuxième plus grande zone humide d’Amérique latine et celle de la santé des habitants. Un exemple ? Dans le nord du pays, près de forages du Campo Xan gérés par l’entreprise, « 30 % des grossesses se terminent par un décès à la naissance », s’alarmaient trois ONG en 2015 dans une lettre au Conseil des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Lire aussi : Le pétrolier franco-britannique Perenco dévaste le Guatemala

Deuxième groupe pétrolier français, Perenco a fait la fortune de la famille Perrodo (classée quinzième de France par Challenges en 2022) grâce à une spécialité : le rachat de puits considérés comme n’étant plus rentables afin d’en prolonger l’exploitation. C’est en 1999 qu’il avait acheté la concession guatémaltèque, qui courait jusqu’en 2010. À l’approche de son expiration, elle avait été prolongée de quinze ans par le président Álvaro Colom (centre-gauche). Une décision suspecte : trois ministres et le Conseil national des zones protégées (Conap) s’y étaient opposés, et aucune étude d’impact environnemental — pourtant obligatoire — n’avait été présentée.



Anciennes concessions pétrolières de Perenco en Amazonie. DR

En outre, Perenco enfreint une loi environnementale — comme dans bien des pays où il opère — car le site d’exploitation se trouve au cœur du parc national Laguna del Tigre, zone déclarée protégée en 1989 où sont interdites les activités humaines, à plus forte raison industrielles.

Une énième prolongation

Cela n’a pas empêché le président sortant, Alejandro Giammattei Falla (droite), un oligarque proche des milieux d’affaires, de tenter de prolonger la concession une fois de plus. Il fallait pour cela modifier la loi des hydrocarbures, qui n’autorise qu’une seule prorogation d’une durée de quinze ans – déjà accordée en 2010. Conçu pour ne bénéficier qu’à l’entreprise, le texte proposé au Congrès par le parti présidentiel a été aussitôt baptisé « loi Perenco » par ses opposants.

Il proposait que les contrats d’opérations pétrolières puissent être prolongés de vingt-cinq ans et sans appel d’offres jusqu’à atteindre « la limite économique du gisement ». C’est-à-dire le stade où « les coûts récupérables », à savoir les investissements réalisés par l’entreprise et remboursés par l’État, ne sont plus rentables.


Lire aussi : 
Au Guatemala, le pétrolier franco-britannique Perenco fait sa loi

Approuvé par le Congrès lors des deux premières lectures, le texte n’a pu faire l’objet d’une dernière lecture. Le parti du président avait pourtant tenté de hâter le vote de la loi avant le terme de la législature (en janvier 2024) – y compris en tentant d’acheter des votes, comme l’ont dénoncé des députés de l’opposition.

Perte d’argent pour l’État

Avec le renouvellement du Congrès et du président de la République, entrés en fonction en janvier 2024, le vent a tourné. Ainsi, le président de la commission de l’Énergie et des Mines et député du parti Vos (centre-gauche), Orlando Blanco, a-t-il signalé que, depuis 2014, le contrat de Perenco engendre des pertes pour l’État : « L’activité pétrolière de Perenco a généré 2,615 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros) ; l’État a perçu 713 millions de dollars (657 millions d’euros) de redevances, mais a rendu à l’entreprise 896 millions de dollars (826 millions d’euros) » en raison du dispositif de « coûts récupérables ».

La fin des opérations de Perenco est donc prévue au terme du contrat, soit le 12 août 2025. Une table ronde réunira notamment le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles et le Conap afin, a annoncé le ministre de l’Énergie et des Mines Víctor Hugo Ventura, « d’analyser les étapes à suivre, d’assurer que la transition soit adéquate et que soient prises les mesures nécessaires dans le processus de fermeture ».

La multinationale, qui a extrait plus de 90 millions de barils de pétrole des terres du pays, a commencé dès juin 2023 à abandonner ses puits. À ce jour, 46 puits sur 59 sont encore actifs.

mercredi 6 mars 2024

Vagues de chaleur caniculaire à Port Gentil : notre constat, nos propositions

 


Intervention de Henri Michel Auguste, président de H2oGabon

-> repeindre les toits en blanc pour refléter la chaleur
-> transformer les ilots de chaleur



mardi 12 décembre 2023

Dans le bassin du Congo, les sites de Perenco polluent gravement l’air





https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/111223/dans-le-bassin-du-congo-les-sites-de-perenco-polluent-gravement-l-air


Série Épisode 2 EP. 2 Perenco : les abus d’un géant du pétrole

Dans le bassin du Congo, les sites de Perenco polluent gravement l’air

Au Cameroun et au Gabon, les sites d’extraction de la multinationale Perenco pratiquent le torchage, ce procédé consistant à brûler l’excédent de gaz. Malgré la régulation en vigueur, l’air s’en trouve gravement pollué, causant l’inquiétude et le désarroi des habitants.

Philomène Djussi, Ghislaine Digona, Timothy Shing, Madeleine Ngeunga (InfoCongo), Dorian Cabrol et Alexandre Brutelle (EIF)

11 décembre 2023 à 11h51

Au cœur de la forêt de Bipaga, sur la côte atlantique du sud du Cameroun, aux abords de Kribi, se trouve l’usine de traitement de gaz de la Société nationale des hydrocarbures (SNH). Elle est exploitée par la multinationale franco-britannique Perenco, qui représente un peu moins des trois quarts de la production pétrolière nationale (72 %) en 2023 et produit la quasi-totalité du gaz du pays.

Au milieu des infrastructures métalliques étalées sur 22 hectares s’élève un conduit de près de 50 mètres de haut d’où brûle une flamme jaune vif d’intensité variable. Dès les premiers jours de sa mise en activité, courant 2018, cette torchère avait semé la panique chez les habitants d’Eboudawae, un village situé à quelques centaines de mètres de l’usine.

« Quand ils ont vu les flammes, les soldats du BIR (Bataillon d’intervention rapide) ont fui. Ils sautaient de leurs postes » relate Anne*, une habitante voisine de l’installation, à notre partenaire local InfoCongo. D’autres se souviennent de « secousses » sismiques. Seule une source informelle confiera plus tard à certains habitants que la société brûle « des déchets », sans s’étendre sur les détails.

Une vue sur la torchère de Bipaga depuis la plage de Londji, au Cameroun, en 2023. © Photo InfoCongo

Ce procédé porte un nom bien précis, il s’agit du torchage de gaz. Une pratique propre au secteur des énergies fossiles qui consiste à brûler les excédents de méthane issus de l’exploitation de gaz et de pétrole. Elle est décriée depuis plusieurs années, aussi bien par la communauté scientifique que par de nombreuses institutions internationales. En cause, les lourds impacts écologiques, sanitaires et énergétiques qui lui sont attribués.

La Banque mondiale est d’ailleurs à l’initiative du traité « Zero Flaring Routine » (zéro torchage de routine), lancé en 2015, que le Cameroun et le Gabon ont signé aux côtés de dizaines d’États, d’institutions publiques et d’opérateurs financiers, engagés à mettre fin aux situations de torchage injustifié dans les années à venir.

Un objectif partagé par Perenco, selon son porte-parole, qui évoque « un plan d’action 2030 pour le Climat et la Transition énergétique, dans lequel Perenco a déclaré qu’il visait zéro torchage de routine », d’ici cette date. Un horizon qui semble encore lointain pour les populations camerounaises et gabonaises qui se disent affectées par cette pratique.

Des flammes de jour comme de nuit depuis dix ans

L’activiste franco-gabonais Bernard Christian Rekoula, questionné par Mediapart sur sa première visite des sites Perenco sur les côtes gabonaises, courant 2020, reste saisi par son souvenir d’Etimboué, sur le littoral au sud de Port-Gentil. « L’air proche des têtes de puits de pétrole et des torchères était suffocant. Quand nous avons découvert la zone d’Etimboué où opère Perenco, il y avait des villages entiers quasiment irrespirables à cause de fortes émanations de gaz », confie le lanceur d’alerte, aujourd’hui réfugié en France.

Bernard Christian Rekoula parle d’un torchage « continu », un témoignage similaire à celui de Pierre Philippe Akendengué, un vétéran du groupe Perenco, pour lequel il a travaillé dix-sept ans avant d’entamer un parcours politique comme député de la région, en 2018. « À Oba, on fait du torchage de gaz. À Batanga, sur la plus grande station Perenco du Gabon, on en fait aussi. C’est régulier, non-stop, même en mer » souligne l’ancien élu, retourné à la vie civile après le coup d’État du 30 août dernier. « Les villages empestent le gaz », poursuit-il, décrivant la pollution ininterrompue des torchères de Perenco, de jour comme de nuit.

Au Cameroun également, le groupe torche continuellement, comme le confie un ancien ingénieur de la multinationale, évoquant des torchères « réparties sur tous les sites de Perenco » et actives « sans arrêt, vingt-quatre heures sur vingt-quatre ». Un témoignage à rebours d’une étude environnementale cosignée par Perenco en 2006 sur l’usine de Bipaga, qui mentionne bien une activité de torchage, mais limitée « au rejet accidentel » ou à des cas de « dysfonctionnement », en vue de « limiter la production de gaz à effet de serre ».

Cette pollution de l’air du groupe Perenco dans ces deux pays est loin d’être exceptionnelle. On décompte 380 actes de torchage, selon les données satellites fournis par l’ONG américaine Skytruth et analysées par notre partenaire Environmental Investigative Forum (EIF), consortium international d’enquête environnementale. EIF a pu évaluer que le torchage de Perenco a entraîné l’émission d’au moins 33,8 millions de tonnes de CO2 au Gabon et au Cameroun sur une période de dix ans. À quel prix pour la faune, la flore et les populations locales ?

Omerta sur les risques environnementaux et sanitaires

Dans le département camerounais de l’Océan, où se trouve l’usine de Perenco, le délégué du ministère de l’environnement Benjamin Hamann se veut rassurant : « Les plateformes [offshores − ndlr] sont très bien surveillées. La flamme respecte les normes standards. Si les normes devaient être dépassées, nous serions au courant, mais l’entreprise fait des efforts pour s’y conformer », assure-t-il, sans plus de précisions sur les normes en question ou la légalité de ces torchères.

Le torchage est pourtant reconnu comme une cause d’acidification des milieux marins et terrestres pouvant nuire aux écosystèmes qui s’y trouvent, comme l’ont démontré de nombreuses études scientifiques menées au Nigeria - l’un des plus grands « torcheurs » de la planète. Or, c’est aussi à proximité du parc national Ndongere et de l’estuaire du Rio Del Rey, deux aires protégées riches en forêts de mangroves du littoral camerounais, que Perenco torche régulièrement.

Au Gabon, près de dix aires protégées sont également concernées, selon notre partenaire EIF. Au total, 74 sites naturels sont occupés par Perenco à travers le monde, comme le révélait Mediapart dans sa précédente enquête sur le groupe. Sur la question sanitaire, là encore, c’est l’omerta pour les populations qui vivent à quelques kilomètres – parfois à quelques centaines de mètres - des torchères dans ces deux pays. De jour comme de nuit, hommes, femmes et enfants inhalent une atmosphère chargée en composants dont ils ignorent les risques sur leur santé.

À quatre kilomètres des licences de Perenco, des natifs du village camerounais de Londji font part de leur inquiétude. Depuis une plage, ils observent chaque jour l’une des torchères de Perenco. « Quand vous arriverez là-bas, vous verrez le tuyau. Il en sort une fumée noire. Nous ne savons pas si cela impacte la santé de nos enfants », s’inquiète Matthieu Ndembo, 38 ans. Certains habitants suspectent un lien entre les activités des entreprises pétrolières et des « pathologies survenues au cours des dernières années » – en particulier chez les plus jeunes. Mais dans l’unique centre de santé de cette localité camerounaise, le personnel refuse de commenter cette question.

Babiene Sona, avocat spécialiste des normes socio-environnementales de l’industrie pétrolière, est catégorique : « Le torchage du gaz n’est pas acceptable, il contribue à la pollution dans les communautés où le pétrole est exploité. » Il mentionne aussi des « maladies de la peau » liées à ce procédé industriel.

Maladies respiratoires et hématologiques, cancers, mais aussi problèmes cardiaques et morts prématurées figurent parmi les risques sanitaires associés au torchage, selon la communauté scientifique internationale. Une étude publiée en 2022 démontre par ailleurs les effets néfastes du torchage sur la santé humaine à partir d’une proximité de 60 km d’une torchère.

Mais selon la multinationale, ses activités ne présentent « aucun problème pour la santé des populations ». Le groupe estime même apporter « une contribution positive à la santé des communautés proches de ses opérations » et indique investir dans des programmes visant à « renforcer la capacité et la qualité des structures de soin locales ».

Perenco souligne l’aspect « crucial » de sa contribution aux systèmes de santé et dit soutenir des « projets majeurs » au travers de « soutiens infrastructurels, de formations des personnels médicaux et de la facilitation de l’accès aux soins pour les communautés isolées ». À titre d’exemple, un porte-parole mentionne le développement de « laboratoires de dépistage lors de la pandémie de COVID-19 », qui seront prochainement reconvertis pour tester la tuberculose.

Torchage « interdit » - sous conditions

Au Cameroun, la loi mentionne des autorisations possibles de torchage à titre exceptionnel, lorsque des difficultés techniques et économiques le justifient et pour une durée « qui ne peut excéder soixante jours », sous peine de sanctions financières. Une fréquence maximale que dépasse largement Perenco dans le pays, aux dires des témoignages réunis par InfoCongo et des données analysées par l’EIF.

Une étude d’impact environnemental doit en outre être fournie par l’exploitant afin de minimiser les risques associés au torchage. Le Gabon interdit quant à lui explicitement le torchage depuis 2019 - sauf autorisation spéciale du ministère chargé de la préservation de l’environnement.

Les autorités camerounaises et gabonaises, sollicitées par Mediapart, n’ont pas souhaité répondre à nos demandes de consultation des études environnementales et des autorisations de torchage en question, pour ce qui relève des blocs pétroliers opérés par Perenco.

En République démocratique du Congo (RDC), c’est dans un contexte similaire d’autorisations environnementales invérifiables, d’interdiction de torchage et d’extraction sur des aires protégées que les ONG Sherpa et les Amis de la Terre avaient choisi d’assigner Perenco en justice pour « préjudice écologique ». Procédure que le groupe n’a pas souhaité commenter.

Au contexte propre à la RDC s’ajoutent de nombreux impacts sanitaires et environnementaux, en tout point similaires à ceux documentés par l’activiste Bernard Christian Rekoula au Gabon, mais aussi par les médias Investigate Europe et Disclose, dans le cadre de leur enquête « Perenco Files ». Le volet Gabon des « Perenco Files » révélait, entre autres, près de 17 faits de pollution auxquels viennent s’ajouter 187 actes de torchage que révèlent aujourd’hui Mediapart et ses partenaires, dans ce seul pays.

Pourtant, le porte-parole du groupe l’assure : « Perenco adhère à toutes les régulations locales et aux meilleurs standards internationaux, partout où elle opère, et ce avec les autorisations nécessaires », sans toutefois nous transmettre ces dernières. « Il y a du torchage parce qu’il n’y a pas de marché du gaz ou de solution technique appropriée », explique aussi le groupe à Mediapart, mettant en avant sa démarche et ses efforts au Gabon. À lire aussi

Pour preuve, le développement à venir d’une usine de gaz naturel liquéfié (GNL) sur le terminal pétrolier du cap Lopez à Port-Gentil prévu pour 2026. Un projet capable de « réduire le torchage de 500 millions de tonnes de méthane ». Le GNL est une technologie jugée « complexe » et dont les avantages environnementaux seraient douteux. En effet, ce procédé serait « deux à trois fois plus émetteur de CO2 qu’un gazoduc classique », comme le rapportaient nos confrères du journal Le Monde en 2022.

Dans l’attente de la réalisation de ce projet, Perenco semble pourtant déjà satisfait de ses résultats au Gabon, affirmant que 70 % du pays « est alimenté par le gaz des champs de Perenco qui aurait été brûlé autrement », ce qui laisse entendre que les activités de torchage du groupe n’empêcheraient pas un bénéfice énergétique considérable pour le pays. Un chiffre contredit par l’agence Ecofin selon laquelle le pays ne produirait que « 20 % du gaz consommé sur place », ce qui revient en réalité à seulement 14 % de la consommation énergétique locale assurée par Perenco.

Le Gabon et le Cameroun figurent tous deux dans la liste des 30 pays torchant le plus au monde, selon un rapport de la Banque mondiale publié en 2023. Perenco serait à l’origine de plus de 90 % des volumes de gaz torchés au Cameroun, et de près de 60 % au Gabon, selon les données analysées par l’EIF. Au niveau mondial, le torchage représente un manque énergétique considérable. Puisque selon la Banque mondiale, les 140 milliards de mètres cubes de méthane brûlés chaque année suffiraient à couvrir les besoins énergétiques de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne.

Philomène Djussi, Ghislaine Digona, Timothy Shing, Madeleine Ngeunga (InfoCongo), Dorian Cabrol et Alexandre Brutelle (EIF)

Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr. Si vous souhaitez adresser des documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez passer par SecureDrop de Mediapart, la marche à suivre est explicitée dans cette page.

lundi 11 décembre 2023

La forêt qui soigne : Gardiens de la forêt ARTETV

 



Au cœur des forêts primaires, cinq gardiens se lèvent pour enrayer la destruction de ces poumons verts indispensables à notre planète. Dans ce volet : au Gabon, le chef et guérisseur Hilarion Kassa Moussavou s’initie au rôle de défenseur de la forêt. La forêt du bassin du Congo abrite la première réserve mondiale de carbone. Bien plus qu’un espace physique, elle peut représenter aussi la régénérescence spirituelle de l’humanité, à condition de la respecter : c’est ce message que porte Hilarion Kassa Moussavou, surnommé “Mambongo”, connaisseur hors pair des vertus médicinales de la végétation tropicale. Pour préparer la cérémonie traditionnelle du bwiti, le guérisseur gabonais part à la rencontre des protecteurs d’un patrimoine menacé par l’industrie forestière. Fortes personnalités Du ballet de camions chargés de grumes à la flamme des derricks, nombreux sont les visages d'une déforestation qui n'épargne aucun continent. En cinquante ans, les cris d'alarme de plus en plus insistants sur le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité se sont avérés impuissants à enrayer ce processus mortifère. Pourtant, des consciences font face à l'urgence, se mobilisent et innovent. Dans les cultures locales en lien étroit avec la nature se joue l’universel, comme en témoignent les leaders autochtones de cette somptueuse série documentaire – servie par la musique de Piers Faccini –, en lutte pour la survie des cinq dernières grandes forêts primaires du globe : Twyla l’Amérindienne (Canada), Tumursukh le Mongol, Mambongo le Gabonais, Mundiya le Papou et Benki le Brésilien. Loin de folkloriser leurs combats, Gardiens de la forêt nous invite à refaire, tant qu'il est temps, une place à leur vision du monde. À l’écoute de ces fortes personnalités, indissociables des écosystèmes qu’elles défendent, une reconnexion s'opère, en rupture radicale avec la réification et la marchandisation de la nature devenues notre ordinaire. Série documentaire (France, 2023, 52mn) -- L'accès à cette vidéo a été restreint de source sûre au Gabon, Cameroun, Côte d'Ivoire, Congo et Burkina Faso. Nous espérons qu'il s'agit d'une erreur technique et non intentionnelle.

mercredi 6 décembre 2023

Prise de contact avec TotalEnergies EP Gabon

 








Le mardi 28 Novembre 2023 à 11h30, H₂O GABON a été conviée à une réunion avec TotalÉnergies EP Gabon dans leurs locaux de Port-Gentil. 

Dans le cadre du courrier qui nous a été adressé (extrait) : " TotalÉnergies EP Gabon souhaite renforcer l'intégration de la Biodiversité et la protection de son Environnement pour les sites localisés à proximité de zones sensibles sur les secteurs d'Anguille, de Torpille et de l'Île Mandji, dans la province de l'Ogooué Maritime. (...) La société TotalÉnergies EP Gabon développant aussi des activités dans des zones proches de zones marines protégées, d'aires sensibles en biodiversité et de parcs nationaux, a mandaté BIOTOPE, cabinet de conseil international en ingénierie écologique, pour réaliser un Plan d'Action Biodiversité offshore et onshore. L'objectif est de déterminer et prioriser les impacts de ses activités sur la Biodiversité côtière et marine, de définir pour chaque impact un plan d'action afin d'appliquer les principes de notre politique RSE " Éviter, Réduire, Compenser ", et de réaliser des actions additionnelles positives en faveur de la Biodiversité avec des Acteurs Locaux. (... ). Dans le cadre de cette mission, les représentants biodiversité de TE E&P Gabon accompagnés par l'équipe de BIOTOPE, souhaitent s'entretenir avec les Acteurs Locaux œuvrant dans le domaine de la conservation de la Biodiversité, afin de recueillir leur vision et expertise (... ). Lors de l'entretien, nous souhaiterions vous présenter les objectifs généraux du Plan d'Actions Biodiversité de TEEPG et les nouvelles mesures que la compagnie souhaiterait mettre en place, puis identifier avec vous des nouveaux axes de collaboration sur des projets de protection et de replantation de mangroves, notamment à l'échelle de l'Île Mandji ".


Après cet exposé des motifs, Mr H. M. AUGUSTE, a présenté les grandes lignes de notre ONG H₂O GABON.

- la date de création, les membres fondateurs,

- les objectifs, protéger la Nature et l'Environnement,

- les actions de terrain déjà réalisées, consulter notre blog (www.h2ogabon.blogspot.com),

- notre activisme en tant lanceur d'alerte, sensibilisation, force de propositions de solutions techniques que ce soit dans le domaine environnemental ou dans la Protection de la Nature. Nous possédons au sein de notre ONG des compétences techniques ou scientifiques que nous pouvons et avons déjà mobilisé. A cet effet, nous vous invitons à lire notre proposition d'évaluation technique des pollutions de Perenco Gabon et notre projet de restauration de la biodiversité de la lagune d'Omboué. Ces deux actions d’ampleur sont suspendues à la décision du Tribunal de Port Gentil, auprès duquel une plainte pénale a été déposée et acceptée, qui doit faire appliquer le principe de « Pollueur – Payeur ».

 

- les réalités auxquelles sont confrontées les ONG's comme H₂O GABON, ce sont les manques de bonne volonté des sociétés de la place d’accepter leurs violations environnementales comme corollaire de leur activité de production et d’y remédier par le financement de solutions adéquates, y compris les plus novatrices, avec des acteurs locaux.

Après environ une heure de conversations, nous nous sommes séparés.

Au final, cette réunion ressemblait plus à une prise de contact qu'à une réelle audition. Les semaines à venir seront cruciales pour réalisation des objectifs que s'est fixé TotalEnergies EP Gabon. Nous sommes prêts à collaborer si la demande nous en était faite. Nous avons du savoir-faire à exploiter comme nous l’avons déjà prouvé.

 

H. M. AUGUSTE,

Président, Conseiller Scientifique et Technique, membre de la Commission Scientifique et Technique de l'ONG H₂O GABON,
B. P. 1991,
Port-Gentil GABON,
TÉL : + 241 74 09 21 51 (Whatsapp),
Courriel : h2ogabon@yahoo.fr,
Blog : h2ogabon.blogspot.com,
Facebook : H₂O GABON

 

Étaient présents à cette réunion,

 

* Pour TotalÉnergies SE siège du groupe France :

- Monsieur Laurent CAZES, Délégué Environnement et Sociétal

- Monsieur Valentin DO ROSARIO, Biodiversity Coordinator.

 

* Pour TotalÉnergies EP Gabon :

- Monsieur Hervé ONANGA, Chef de Service Environnement & Hygiène Industrielle,

- Monsieur Victorien ANGOUÉ, Coordinateur Développement Durable & PID PIH,

- Monsieur Jordan Ismaël EGANI, Ingénieur, Service Environnement & Hygiène Industrielle.

 

* Pour Biotope - SIDI :

- Monsieur Rénald BOULNOIS, représentant du cabinet de conseil international en ingénierie écologique.

 

* Pour H₂O GABON :

- Monsieur Paul OBIANG, Secrétaire Général adjoint,

- Monsieur Henri, Michel AUGUSTE, Président et Membre Fondateur, Conseiller Scientifique et Technique, Membre de la Commission Scientifique et Technique.



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